La question de la gestion active ou passive est au cœur des débats dans le monde de l’investissement. Chaque approche présente ses avantages et ses inconvénients, influençant directement la performance de vos placements. Avec plus de 15 ans d’expérience dans le conseil financier, je vous propose d’explorer les spécificités de ces deux stratégies pour vous aider à faire un choix éclairé.
Gestion active vs passive : principes fondamentaux
La gestion active et la gestion passive représentent deux philosophies d’investissement diamétralement opposées. Comprendre leurs principes est essentiel pour orienter votre stratégie patrimoniale.
La gestion active vise à surperformer le marché en s’appuyant sur l’expertise des gérants. Ces professionnels analysent en profondeur les marchés pour :
- Sélectionner les titres les plus prometteurs
- Ajuster l’allocation d’actifs selon les conditions de marché
- Exploiter les inefficiences potentielles
À l’inverse, la gestion passive cherche simplement à répliquer la performance d’un indice de référence. Cette approche repose sur l’hypothèse d’efficience des marchés, considérant qu’il est difficile, voire impossible, de battre durablement le marché.
Un élément clé différenciant ces deux approches est la structure de frais. La gestion active implique généralement des frais plus élevés en raison des coûts liés à l’analyse et à la gestion active du portefeuille. En revanche, la gestion passive, notamment via les ETF (Exchange Traded Funds), offre une solution nettement moins coûteuse.
Il est important de noter que selon une étude de S&P Dow Jones Indices datant de 2020, plus de 80% des fonds actifs américains ont sous-performé leur indice de référence sur une période de 10 ans. Ce constat alimente le débat sur l’efficacité réelle de la gestion active à long terme.
Avantages et limites de la gestion passive
La gestion passive, incarnée principalement par les fonds indiciels et les ETF, gagne en popularité auprès des investisseurs. Cette approche présente plusieurs avantages notables :
1. Frais réduits : Les fonds passifs affichent des frais de gestion nettement inférieurs à ceux des fonds actifs, ce qui peut avoir un impact significatif sur la performance à long terme.
2. Large diversification : Les ETF offrent une exposition à un panier diversifié de titres, réduisant ainsi le risque spécifique lié à un seul actif.
3. Transparence : La composition d’un fonds indiciel est clairement définie et suit de près celle de l’indice de référence.
4. Facilité d’accès : Les ETF sont négociables en bourse, offrant une grande liquidité et flexibilité aux investisseurs.
Toutefois, la gestion passive n’est pas sans limites :
- Elle ne permet pas de surperformer le marché
- Elle expose l’investisseur à l’intégralité des baisses de marché
- Elle peut conduire à une surpondération des valeurs les plus importantes de l’indice
Il est crucial de noter que la gestion passive s’est considérablement développée ces dernières années. Aux États-Unis, les actifs gérés passivement représentaient environ 45% du marché des actions en 2019, contre seulement 20% une décennie plus tôt.

Potentiel de la gestion active sur certains segments
Bien que la gestion passive gagne du terrain, la gestion active conserve son attrait, particulièrement sur certains segments de marché. Etant professionnel de la gestion de patrimoine, j’ai pu observer que la gestion active peut offrir une valeur ajoutée significative dans les contextes suivants :
Marchés de niche : Sur les marchés moins efficients comme les small caps ou les marchés émergents, les gérants actifs peuvent exploiter les inefficiences et potentiellement générer de l’alpha.
Périodes de volatilité : En période de turbulences sur les marchés, les gérants actifs ont la flexibilité d’ajuster rapidement leur allocation pour protéger le portefeuille ou saisir des opportunités.
Secteurs spécialisés : Dans certains secteurs comme la technologie ou la biotechnologie, l’expertise spécifique des gérants peut s’avérer précieuse pour identifier les entreprises les plus prometteuses.
Voici un tableau comparatif des performances moyennes des fonds actifs par rapport à leur indice de référence sur différents segments de marché :
Segment de marché | % de fonds actifs surperformant l’indice (sur 5 ans) |
---|---|
Large Cap US | 25% |
Small Cap US | 40% |
Marchés émergents | 45% |
Obligations High Yield | 50% |
Ces chiffres illustrent que dans certains segments, notamment les small caps et les marchés émergents, une proportion non négligeable de gérants actifs parvient à surperformer leur indice de référence.
Stratégie optimale : l’approche hybride
Après avoir examiné les forces et faiblesses de chaque approche, il apparaît qu’une stratégie combinant gestion active et passive peut offrir le meilleur des deux mondes. Cette approche, souvent appelée « cœur-satellite », permet d’optimiser le rapport rendement/risque de votre portefeuille.
Voici comment structurer une telle stratégie :
- Cœur du portefeuille (60-70%) : Composé d’ETF ou de fonds indiciels pour une exposition large et peu coûteuse aux principales classes d’actifs.
- Satellites (30-40%) : Allocation à des fonds actifs soigneusement sélectionnés sur des segments spécifiques où la gestion active a prouvé sa valeur ajoutée.
Cette approche permet de bénéficier des avantages de la gestion passive (faibles coûts, large diversification) tout en conservant la possibilité de générer de l’alpha via la gestion active sur des segments ciblés.
Il est nécessaire de souligner que l’allocation d’actifs reste primordiale, quelle que soit l’approche choisie. Une étude menée par Vanguard en 2017 a montré que l’allocation d’actifs explique plus de 90% de la variabilité des rendements d’un portefeuille sur le long terme.
Le choix entre gestion active et passive dépendra de votre profil d’investisseur, de vos objectifs et de votre horizon d’investissement. Une approche équilibrée, combinant judicieusement ces deux stratégies, peut offrir un équilibre optimal entre maîtrise des coûts et recherche de performance.